La mise en œuvre du PSEF 2017-2030 en lien avec les sept cibles de l’ODD4 objet d’une évaluation alternative par la CN-EPT/BF

Dans le cadre de la mise en œuvre du projet de renforcement de la redevabilité sociale au niveau national et local dans les processus éducatifs au Burkina Faso, la Coalition Nationale pour l’Education Pour Tous a produit un rapport alternatif sur l’état des lieux de la mise en œuvre du Plan Sectoriel de l’Education et de la Formation (PSEF 2017-2030) en lien avec les sept cibles de l’Objectif de Développement Durable N°4 (ODD4 2015-2030). Un rapport alternatif qui a fait l’objet d’une conférence de presse et de dissémination lors des rencontres telles que la revue annuelle sectorielle de l’éducation et le cadre partenarial. Ci-dessous, nous vous proposons les grandes lignes de ce rapport alternatif.

Après avoir analysé les rapports de mise en œuvre des activités à travers les différents programmes, la Coalition Nationale pour l’Education Pour Tous du Burkina Faso (CN-EPT/BF) a identifié les forces et les faiblesses dans la mise en œuvre et formulé des recommandations en vue de contribuer à une mise en œuvre réussie d’une éducation inclusive, équitable et de qualité au Burkina Faso.
De façon globale, au niveau des indicateurs de l’ODD4, la Coalition en termes d’appréciation relève que les cibles qui sont plus ou moins en progression sont :
→ Cible 4.1 : D’ici à 2030, faire en sorte que toutes les filles et tous les garçons suivent, sur un pied d’égalité, un cycle complet d’enseignement primaire et secondaire gratuit et de qualité, qui débouche sur un apprentissage véritablement utile.
→ Cible 4.4 : D’ici à 2030, augmenter nettement le nombre de jeunes et d’adultes disposant des compétences, notamment techniques et professionnelles, nécessaires à l’emploi, à l’obtention d’un travail décent et à l’entrepreneuriat.
→ Cible 4.7 : D’ici à 2030, faire en sorte que tous les élèves acquièrent les connaissances et compétences nécessaires pour promouvoir le développement durable, notamment par l’éducation en faveur du développement et de modes de vie durables, des droits de l’homme, de l’égalité des sexes, de la promotion d’une culture de paix et de non-violence, de la citoyenneté mondiale et de l’appréciation de la diversité culturelle et de la contribution de la culture au développement durable.
Les cibles qui sont en bonne voie sont :
→ Cible 4.3 : D’ici à 2030, faire en sorte que les femmes et les hommes aient tous accès dans des conditions d’égalité à un enseignement technique, professionnel ou tertiaire, y compris universitaire, de qualité et d’un coût abordable.
→ Cible 4.5 : D’ici à 2030, éliminer les inégalités entre les sexes dans le domaine de l’éducation et assurer l’égalité d’accès des personnes vulnérables, y compris les personnes handicapées, les autochtones et les enfants en situation vulnérable, à tous les niveaux d’enseignement et de formation professionnelle.
Et les cibles qui sont très en retard de réalisation sont :
→ Cible 4.2 : D’ici à 2030, faire en sorte que toutes les filles et tous les garçons aient accès à des activités de développement et de soins de la petite enfance et à une éducation préscolaire de qualité qui les préparent à suivre un enseignement primaire.
→ Cible 4.6 : D’ici à 2030, faire en sorte que tous les jeunes et une proportion considérable d’adultes, hommes et femmes, sachent lire, écrire et compter.
Au terme de cette analyse, l’état de mise en œuvre des 7 cibles de l’ODD4 en 2019, a été sanctionné par une note d’appréciation globale de 14/28 contre 13/28 en 2018 soit un gain d’un point. Cette performance est due essentiellement aux efforts déployés par le gouvernement pour le développement de l’EFTP.
Sur le plan financier, on constate que la part des ressources internes de l’Etat accordées en 2019 au secteur de l’éducation est de 26,29%, soit un accroissement de l’ordre de 6,21% entre 2018 et 2019. Ce qui est à saluer. En revanche, même s’il dépasse le taux communautaire (UEMOA) référentiel d’au moins 20%, il n’a pas pu atteindre le taux de 30% inscrit dans le protocole d’accord signé le 27 janvier 2018 entre le MENAPLN et la Coordination Nationale des Syndicats de l’Education.
On constate aussi que la Part des dépenses de fonctionnement du Compte d’Affectation Spécial du Trésor (CAST), réservée aux Directions Régionales de l’Education Préscolaires, Primaires, Non Formelles (DREPPNF), Directions Provinciales de l’Education Préscolaires, Primaires, Non Formelles (DPEPPNF) et aux Circonscriptions d’Education de Base (CEB) est de 42,73%. Celle des directions centrales dans le budget général et le CAST hors salaire est de 11,98%. Ce qui permet de saluer les efforts du MENAPLN dans le processus de la gestion décentralisée de l’éducation. Toutefois, pendant que les indicateurs liés à la qualité de l’éducation sont en baisse continue, la Part des dépenses réalisées au profit de la formation continue dans le budget général et le CAST hors salaire n’est que de 3,86%.
Au vu de tout ce qui précède, la Coalition Nationale pour l’Education Pour Tous observe des risques de non atteinte des objectifs du Programme de Développement Stratégique de l’Education de Base (PDSEB) en 2021, au regard des indicateurs du préscolaire, du primaire, du post primaire, du secondaire et de l’éducation non formelle.
Pour relever le défi du droit à l’éducation inclusive, équitable et de qualité dans un contexte sécuritaire difficile, la coalition invite le gouvernement à travers les ministères en charge de l’éducation à mettre un accent particulier sur les planifications inclusives et participatives, les stratégies de mise en œuvre des activités, le suivi avec l’implication effective de la société civile mais aussi à faire de la sécurisation des espaces éducatifs une priorité, en vue d’atteindre les objectifs de l’ODD4 à l’horizon 2030.
En vue de corriger les insuffisances constatées, la CN-EPT/BF formule les recommandations suivantes :
1) Accélérer la réalisation des infrastructures inclusives de qualité et le recrutement d’enseignants et d’encadreurs qualifiés à tous les niveaux pour assurer l’égalité d’accès et de chances à tous les enfants Burkinabè de bénéficier d’une éducation inclusive, équitable et de qualité ;
2) Assurer la formation continue des enseignants à bonne date pour une meilleure acquisition des connaissances dans les disciplines fondamentales chez les apprenants ;
3) Reformer véritablement le système éducatif burkinabè en vue de l’adapter aux besoins socioculturels, politiques et économiques du pays.
4) Relire la loi d’orientation de l’éducation afin de prendre en compte le préscolaire dans l’obligation scolaire (3 à 16 ans) ;
5) Créer de meilleures conditions de travail et de rémunération pour éviter la fuite des enseignants de l’EFTP.
6) Mobiliser suffisamment de ressources pour la formation professionnelle et la subvention des projets porteurs de croissance au profit de la jeunesse
7) Tenir compte des besoins spécifiques des enfants handicapés dans la dotation des écoles en outils didactiques, pédagogiques, en fournitures et manuels scolaires.
8) Assurer une mise en œuvre effective et efficiente de la Stratégie de Scolarisation des Elèves des Zones à forts Défis Sécuritaires (SSEZDS 2019-2024).
9) Réaliser un audit des différentes approches d’alphabétisation en vue de développer des alternatives éducatives visant à améliorer de façon durable les compétences des jeunes, des adultes et des femmes en lecture, écriture et calcul.
10) Mettre en place un système efficace de collecte de données statistiques dans le domaine de l’ENF.
11) Améliorer l’allocation des ressources financières allouées au programme de l’Education Non Formelle (ENF) du PDSEB.

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